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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/398

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de ma présence, elles en sont comme le condiment. Si les douces larmes que l’âme a trouvées dans l’union avec moi n’étaient pas assaisonnées par celles que fait répandre la charité du prochain, elles seraient imparfaites. Par cette exclusion, l’âme tomberait dans la présomption. Un souffle subtil de vaine gloire la précipiterait de cette hauteur, dans la bassesse de sa première abjection. Il faut donc qu’elle ne sépare jamais la charité du prochain d’avec cette vraie connaissance d’elle-même, et que par ce moyen elle nourrisse en elle le feu de ma charité.

En effet la charité que l’on a pour le prochain dérive nécessairement de la charité qu’on a pour Moi, c’est-à-dire de cette connaissance par laquelle l’âme se connaît et ma Bonté en elle. Elle voit alors que je l’aime ineffablement, et de ce même amour dont elle se voit aimée, elle aime toute créature raisonnable. Voilà la raison pour laquelle l’âme, dès qu’elle me connaît, dilate son amour pour y envelopper le prochain. Dès qu’elle le voit, elle l’aime ineffablement, afin d’aimer ce qu’elle voit que j’aime davantage.

Puis elle connaît qu’elle ne peut me procurer à Moi-même aucune utilité ; ni me rendre ce pur amour dont elle sent que je l’aime. Dès lors elle se met à me témoigner son amour, par le moyen que je lui ai donné, c’est-à-dire par le prochain, auquel vous devez vos services. Toute vertu, ai-je dit, s’exerce à l’égard du prochain, en général ou en particulier, selon les dons divers que vous avez reçus de moi et dont je vous ai confié la dispensation. Vous devez donc aimer, de ce pur amour dont je vous ai