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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/411

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désir saint, fondé sur la charité, qui est pour les yeux une source de larmes.

Quand l’âme est séparée du corps, et unie à Moi sa fin, elle ne cesse pas de me désirer ; elle n’a pas laissé sur terre son désir ni la charité du prochain. La charité est entrée au ciel, comme une Reine portant avec elle le fruit de toutes les autres vertus. C’est fini, il est vrai, de tout ce qu’il y avait de souffrance dans ce désir, car, je te l’ai dit, si l’âme me désire, elle me possède en toute vérité, sans aucune crainte de perdre ce qu’elle a si longtemps désiré. De cette manière, sa faim s’avive toujours, mais si elle a faim, elle est aussi rassasiée, et tout en étant rassasiée elle a toujours faim. Elle n’éprouve ni le dégoût de la satiété, ni la peine de la faim, parce qu’aucune perfection ne lui manque.

Tu le vois donc bien, votre désir est infini. Et il le faut bien.

Aucune vertu n’aurait de prix pour la vie éternelle, Si vous aviez seulement pour me servir quelque chose de fini. Parce que je suis le Dieu infini, je ne veux rien d’autre que l’amour et le désir de l’âme.

C’est en ce sens que j’ai dit qu’il y a une infinie variété de larmes. Rien de plus vrai, à cause du désir infini, qui est en union avec elles. Après que l’âme a quitté le corps, les larmes restent sur terre, mais l’amour de la charité a absorbé le fruit des larmes et l’a consumé en elle, comme l’eau qui est en dehors de la fournaise est absorbée par le