Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/415

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fétides : rien de plus vrai. Ces fleurs sont les pensées infectes du cœur, qui sont une offense contre Moi en même temps qu’elles sont désagréables et odieuses à leur prochain. Le mondain est comme un voleur qui m’a dérobé mon honneur, à Moi son Créateur, pour se l’attribuer à lui-même. Or cette fleur répand une mauvaise odeur de jugement faux et misérable, doublement faux et doublement misérable.

Tout d’abord, le mondain me juge Moi, il juge mes secrets desseins, il juge mes mystères, et de la façon la plus inique ; il prend en haine ce que j’ai fait par amour ; il accuse de mensonge ce que je n’ai accompli que par vérité, il voit la mort là où j’ai mis la vie, il juge tout, il condamne tout, suivant son petit avis ; et comme il a aveuglé lui-même l’œil de son intelligence, comme son amour-propre sensuel est une taie sur la pupille de la très sainte Foi, il ne peut voir ni connaître la vérité.

Puis, il entreprend de juger le prochain : source féconde de bien des maux ! Le pauvre homme ne se connaît pas lui-même il n’en prétend pas moins connaître le cœur et les sentiments de la créature raisonnable. Pour une action qu’il verra, pour une parole qu’il entendra, il voudra juger de l’intention du cœur. Mes serviteurs jugent toujours en bien, parce qu’ils sont fondés sur moi, le Bien

suprême ; les mondains, au contraire, jugent toujours en mal, parce qu’ils ne s’appuyent que sur le mal qui, si misérablement, est en eux.