Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/421

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Mais sa fragilité est toute corrompue, elle n’a plus aucune connaissance d’elle-même et de Moi, et ne peut goûter ce fruit de la patience. Elle ne produit donc que l’impatience, les scandales, les murmures, l’aversion pour moi et pour mes créatures. Ce qui est un don de Moi pour la vie, il le reçoit pour la mort. La douleur de la peine est égale à l’amour qu’il avait pour le bien qui lui est enlevé, et il en est réduit à ces larmes de colère et de révolte, qui dessèchent, l’âme et la tuent en lui ôtant la vie de la grâce, qui dessèchent aussi et consument le corps, qui aveuglent spirituellement et corporellement. Le voilà vide de toute joie, parce qu’il n’a plus d’espérance. Sa joie, son amour, son espérance, sa foi, c’était ce bien qu’il possédait. Et il l’a perdu ! Et il le pleure !

Certes ce ne sont pas les larmes seules qui produisent ces tristes effets. C’est aussi et avant tout l’amour désordonné, la douleur du cœur d’où sont venues les larmes. Les pleurs qui tombent des yeux ne sauraient par eux-mêmes donner la mort et mériter un châtiment, s’ils ne venaient pas de cette source mauvaise, qui est l’amour-propre, l’amour désordonné du cœur. Si le cœur était bien réglé par la grâce, les larmes elles-mêmes seraient de bonnes larmes qui me contraindraient, moi, le Dieu éternel, à faire miséricorde. Pourquoi donc ai-je dit que ces larmes des mondains sont des larmes de mort ? Parce que les larmes sont le signe extérieur de la mort ou de la vie qui est dans le cœur.

Mais voici venir le vent de la conscience, nouveau messager de ma divine Bonté ! Par la prospérité,