Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/420

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parce qu’il désire ce qu’il ne peut avoir. Ne pouvant l’obtenir, il en est attristé. Sa tristesse lui tire des larmes, parce que, ainsi que je te l’ai dit, les yeux veulent satisfaire aux sentiments du cœur.

Puis vient à souffler le vent de la crainte servile. Sous son inspiration, l’homme a peur de son ombre, tant il craint de perdre ce qu’il aime. Il a peur de perdre sa propre vie, il a peur de perdre ses enfants ou quelqu’un des siens, il a peur de perdre sa situation, il a peur de perdre les honneurs et les richesses, ou celles des siens, par amour-propre, par ambition ou par avarice. Cette crainte ne lui laisse aucun repos, elle trouble toutes ses joies. Tous ces biens il ne les possède pas, dans l’ordre de la soumission à ma volonté de là cette crainte servile, de là cette épouvante. Il s’est fait esclave misérable du péché. On peut bien estimer qu’il est devenu semblable à la chose dont il s’est fait esclave par le péché, or le péché n’est pas quelque chose. Esclave donc du néant, il est réduit à néant.

Le vent de la crainte n’a pas fini de le secouer, que voici venir le vent de la tribulation et de l’adversité qu’il redoutait et qui le dépouille en tout ou en partie de ce qu’il possédait entièrement, quand il perd la vie, car la mort le sépare de tout, en partie, quand il perd tantôt une chose, tantôt une autre, ou la santé, ou ses enfants, ou ses richesses, ou sa situation, ou ses honneurs, suivant que, Moi le bon médecin, je l’estime nécessaire a son salut. Car c’est pour son salut que je lui envoie ces épreuves.