Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/429

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de la charité ; c’est elle qui prouve que l’âme est revêtue de la robe nuptiale. Ce vêtement porte-t-il une déchirure, une imperfection, le manque de patience la fait aussitôt découvrir.

Il est facile de se tromper sur toutes les autres vertus. On peut croire qu’elles sont parfaites, bien qu’elles ne le soient pas, tant qu’elles n’ont pas subi l’épreuve de la patience. Mais si cette douce patience est la moelle de la charité dans l’âme, elle révèle par la même que toutes les vertus sont parfaites et vivantes. Si elles ne fournissent pas cette preuve, c’est qu’elles sont encore a l’état imparfait, c’est qu’elles ne sont pas encore parvenues a la table de la très sainte Croix, où la patience est conçue dans la connaissance de soi-même et la connaissance de ma Bonté en soi, où elle est enfantée par une sainte haine, et reçoit l’onction d’une humilité vraie. Cette patience ne refuse jamais l’aliment qui lui est servi sur cette table, et qui est mon bonheur à Moi et le salut des âmes. Elle s’en nourrit sans cesse voilà la vérité.

Regarde, ma très chère fille, les doux et glorieux martyrs ! Comme, par la patience, ils mangeaient cette nourriture, comme ils vivaient des âmes ! Leur mort donnait la vie. Ils ressuscitaient les morts et dissipaient les ténèbres des péchés mortels. Le monde avec ses grandeurs, les princes avec leur puissance, ne se pouvaient défendre contre eux ! Ils triomphaient de tout par la vertu de cette reine, la douce patience. Cette vertu est comme une lampe candélabre.