Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/428

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âmes, avec, comme condiment, la haine et la détestation du péché.

Quel fruit retire l’âme de ce troisième état ? Je vais te le dire. C’est d’abord la force, fondée sur une sainte haine de la sensualité propre, avec une humilité véritable, avec une patience qui délivre l’âme de tout scandale et de toute souffrance ; car le glaive de la sainte haine a tué la volonté propre, principe de tout péché, et, seule, la volonté sensuelle se scandalise des injures et des persécutions, des consolations spirituelles et temporelles, comme je te l’ai dit plus haut, et se laisse aller, a cette occasion, à l’impatience et a la révolte. Mais, après la mort de la volonté, elle commence a savourer dans un désir à la fois triste doux, le fruit des larmes de la suave patience.

O fruit de parfaite suavité, quelle douceur tu procures à ceux qui te goûtent et que tu m’es donc agréable, à Moi ! Tu fais trouver la joie dans les amertumes, la paix dans les injures. Par toi, sur la mer des tempêtes, la nacelle de l’âme ballottée par les vents furieux, demeure tranquille et assurée, sans en recevoir aucun dommage, abritée qu’elle est sous ma douce et éternelle Volonté, qui l’a revêtue d’une véritable et ardente charité, pour que les flots ne puissent la submerger.

O fille bien-aimée, cette Patience est reine. Assise sur le roc de la force, elle est toujours victorieuse, jamais vaincue. Elle n’y est pas seule, elle a pour compagne la persévérance. Elle est la moelle de la charité. C’est elle qui révèle au dehors la présence