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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/436

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prières. L’encens de son désir monte vers moi en une supplication incessante pour le salut des âmes. C’est une voix sans parole humaine, qui toujours crie devant ma divine Majesté !

J’ai dit les fruits de l’union en cette vie, et la nourriture de l’âme en ce dernier état, acquis au prix de tant de fatigues, de sueurs et de larmes. Avec une vraie persévérance, elle passe de cette union — encore imparfaite comme union quoique parfaite comme grâce — à l’union durable et éternelle. J’appelle imparfaite cette union, parce que tant qu’elle est enchaînée au corps dans cette vie, l’âme ne se peut vraiment rassasier de ce qu’elle désire, et aussi parce qu’elle n’est pas pleinement délivrée de cette loi perverse, qui n’est qu’endormie par l’amour de la vertu. Cette loi n’est pas encore morte, elle peut se réveiller, Si venait à disparaître le pouvoir de la vertu qui la tient en sommeil. Voilà pourquoi j’ai dit que cette union est imparfaite ; mais toute imparfaite qu’elle est, elle conduit l’âme à la perfection durable, que rien ne peut lui ravir. C’est ce que je t’ai expliqué en parlant des Bienheureux qui goûtent vraiment en moi qui suis la vie éternelle, le Bien suprême et immuable qui ne finit jamais.

Tandis que les autres n’ont recueilli de leur pleur, d’autre fruit que la mort éternelle, ceux-là vraiment ont reçu la vie pour toujours. Ils sont passés des larmes à l’allégresse ; le fruit de leurs larmes, c’est cette vie elle-même qui ne finit pas, et dans laquelle, leur charité toujours ardente ne