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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/444

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l’âme dans la véritable humilité. En créant l’âme à mon image et ressemblance, en l’élevant à une si haute dignité, en l’ornant de tant de beauté, je l’ai associée en même temps à la chose la plus vile qui se puisse voir, en lui imposant cette loi perverse, en la liant à un corps formé de la fange de la terre, afin que la vue de sa beauté ne lui fit point dresser la tête, orgueilleusement, contre Moi. Pour qui possède cette lumière, la fragilité du corps inspire donc à l’âme l’humilité : elle n’a pas de motifs de s’enorgueillir, tu le vois, mais bien plutôt de concevoir une vraie et parfaite humilité.

Ainsi, cette loi, quel que soit sa violence, ne peut contraindre à aucune faute, mais elle est un moyen de vous connaître vous-mêmes, en même temps que l’instabilité du monde. C’est ce que doit voir l’œil de l’intelligence, par la lumière de la très sainte foi, qui est, je te l’ai dit, la prunelle de l’œil.

Cette lumière est nécessaire, universellement, à toute créature douée de raison, dans quelque état qu’elle se trouve placée, pour participer à la vie de la grâce et au fruit du sang de l’Agneau immaculé. C’est là la lumière commune, que tous, sans exception, doivent posséder. Qui ne l’aurait pas, serait en état de damnation.

Pourquoi ne peut-on posséder la grâce si l’on est privé de cette lumière ? C’est que, celui qui n’a pas cette lumière ne connaît pas le mal qu’il y a dans la faute, ni ce qui en est la cause, et il ne peut par conséquent fuir et haïr cette cause. Il ne connaît pas davantage le bien et la cause du bien,