Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/453

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de mon nom, et le salut des âmes. C’est ce que font tous ceux qui sont éclairés de cette douce lumière. Aussi sont-ils toujours en paix, toujours en repos. Rien ne les scandalise, parce qu’ils ont écarté la seule chose qui donne prise au scandale, la volonté propre. Toutes les persécutions que le monde et le démon peuvent susciter contre eux passent désormais sous leurs pieds. Ils peuvent demeurer dans les grandes eaux de la tribulation et des tentations sans en éprouver aucun dommage, fermement attachés qu’ils sont à la branche de l’ardent désir. Tout est, à l’âme ainsi éclairée, sujet de joie ! Elle ne se constitue pas juge de mes serviteurs ni d’aucune créature raisonnable ; quel que soit l’état dans lequel elle les voie, ou la manière dont ils me servent, elle s’en réjouit : " Grâces vous soient rendues, dit-elle, à vous, Père éternel, de ce qu’il est plusieurs demeures en votre maison (Jn 14, 2)" Elle a plus de joie, de voir mes serviteurs suivre ainsi des chemins différents, que Si elle les voyait tous dans la même voie, parce que cette diversité manifeste davantage ma Bonté. Ainsi, de toute chose elle tire une joie ; de chacune elle extrait comme un parfum de rose. Et quand je dis toute chose, je n’entends pas parler seulement de ce qui est bien, mais encore de ce qu’elle sait être évidemment un péché. Même alors, elle ne se fait pas juge : ce qu’elle retire du péché, c’est une vraie et sainte compassion qui la fait me prier pour le pêcheur, c’est une parfaite