Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/452

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d’opprobres, des attaques du démon et des murmures des hommes, elle se tient à la table de la très sainte Croix, où elle se nourrit de mon honneur à moi, le Dieu éternel, et du salut des âmes. Elle ne recherche aucune récompense, soit de moi, soit des créatures. Elle s’est défait de l’amour mercenaire qui la faisait m’aimer pour son propre avantage, pour se revêtir de la parfaite lumière, et m’aimer purement et uniquement, sans autre pensée que la gloire et l’honneur de mon nom. Elle ne cherche plus dans mon service sa propre satisfaction, ou dans le service du prochain son propre intérêt : elle sert par pur amour.

Ceux qui en sont là se sont perdus eux-mêmes. Ils ont dépouillé le vieil homme, c’est-à-dire Ja sensualité propre, pour revêtir l’homme nouveau, le doux Christ Jésus, maVérité, et le suivre avec courage. Ceux-là s’assoient à la table du saint désir, qui ont déployé plus de zèle à faire mourir leur volonté propre, qu’à réduire et mortifier leur corps. Sans doute ils ont aussi mortifié le corps, mais ce n’était pas là leur principal souci : ils n’y voyaient qu’un moyen pour les aider à tuer leur propre volonté, comme je te l’ai déjà dit en t’expliquant cette maxime : " Peu de paroles et beaucoup d’actes. "

Ainsi devez-vous faire.

Vos efforts, en effet, doivent tendre principalement à tuer la volonté pour qu’elle ne cherche et ne veuille rien que suivre ma douce Vérité, le Christ crucifié, sans autre fin que l’honneur et la gloire