Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/456

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serviteurs. Estime que celui qui te les inflige n’est qu’un instrument de mon choix, et que souvent ses intentions seront bonnes car il n’est au pouvoir de personne de juger les secrets du cœur de l’homme.

Ce qui ne t’apparaît pas comme un péché mortel manifeste, tu ne dois pas le juger dans ton esprit. Là encore, tu ne dois considérer que ma volonté vis-à-vis de ceux qui agissent ainsi, et ne pas en prendre occasion de jugement, mais de sainte compassion, comme je t’ai dit. De cette manière tu arriveras à la pureté parfaite, parce que ton esprit ne sera jamais scandalisé, ni à mon sujet ni au sujet du prochain, comme lorsque vous tombez dans le mépris du prochain, quand vous jugez sa mauvaise volonté à votre égard, au lieu de considérer ma volonté en lui. Ce mépris, ce scandale, éloigne l’âme de moi et l’empêche d’atteindre à la perfection. A quelques-uns il fait perdre la grâce, plus ou moins, suivant la gravité de l’indignation et de la haine que leur propre jugement leur a fait concevoir contre leur prochain.

" Il en va tout autrement pour l’âme qui voit en toute chose ma volonté, cette volonté qui ne veut rien d’autre que votre bien, et qui dans tout ce qu’elle permet, dans tout ce qu’elle vous donne, n’a d’autre dessein que de vous conduire à la fin pour laquelle je vous ai créés. En se gardant ainsi sans cesse dans l’amour du prochain, l’âme demeure aussi toujours dans mon amour, et, demeurant