Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/459

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l’homme pour lui faire attendre le prix complet : non que les arrhes soient par elles-mêmes une garantie parfaite, mais, par la foi qu’elles engagent, elles donnent la certitude d’obtenir le surplus et de recevoir le paiement intégral.

De même cette âme, éprise et revêtue de ma Vérité, a déjà reçu en elle-même, dès cette vie, les arrhes de ma charité et de celle du prochain ; elle n’est pas encore parfaite, elle attend encore la perfection de la vie immortelle.

Ces arrhes, ai-je dit, ne sont pas parfaites car l’âme qui goûte la charité ne possède pas encore la perfection, au point de ne plus sentir aucune peine, soit en elle-même, soit dans autrui. Elle souffre en elle-même à cause de l’offense commise contre moi, par la loi de perversité qui est dans ses membres, quand il lui prend fantaisie de se révolter contre l’Esprit. Elle souffre en autrui, par les offenses du prochain. Elle est bien parfaite dans la grâce : mais non de cette perfection, que possèdent mes saints, qui sont unis à moi-même la Vie durable, et dont les désirs sont exempts de peine, alors que les vôtres sont mêlés de souffrance. Comme je t’ai dit en un autre endroit, mes serviteurs, qui prennent leur nourriture à la table de ce saint désir, sont tout à la fois heureux et affligés, à l’exemple de mon Fils unique, sur le bois de la très sainte Croix, dont la chair était toute Ca douleur et tourment, tandis que son âme était béatifiée par l’union de la nature divine. De même, mes serviteurs sont heureux, par l’union de