Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/47

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réponse divine auraient pu prendre place dans le Dialogue, comme d’autres faits passés et d’autres réponses déjà faites, mais non à titre de fait récent et d’explication inédite.

Et donc toutes les circonstances du fait décrit dans l’Épître et raconté dans le Livre sont les mêmes : elles attestent non pas seulement la ressemblance de deux épisodes mais l’identité d’un seul fait. Ce fait, nous savons qu’il s’est produit pour le Dialogue en octobre 1378. Et donc pareillement ce n’est pas en 1377 que s’est produit l’événement raconté par l’Épître. Ces deux documents sont contemporains. La lettre a été écrite en même temps ou immédiatement après le Livre.

Mais cette finale de la lettre, qu’en faut-il penser ? Cette finale la voici :

« Cette lettre et une autre que je vous ai envoyées, je les ai écrites moi-même de ma propre main sur l’île de la Rocca avec beaucoup de soupirs et une telle abondance de larmes que mes yeux n’y pouvaient plus voir. Mais je n’en étais pas moins remplie d’admiration de la bonté divine et de ce qu’elle accomplissait en moi, dans la contemplation de sa miséricorde envers les créatures raisonnables et de sa providence envers moi, qui libéralement me donnait le réconfort. Privée d’une consolation que mon ignorance ne me permettait pas, elle avait pourvu à ma détresse en me donnant la faculté d’écrire, afin qu’en descendant des hauteurs, je puisse ainsi trouver avec qui épancher mon cœur tout prêt à se briser. Comme sa bonté ne voulait pas me retirer encore de cette vie ténébreuse, elle forma cette science dans mon esprit et d’une manière merveilleuse, comme le fait le maître pour l’enfant auquel il présente un modèle.

« Aussitôt donc que vous m’eûtes quittée, je commençai ainsi d’apprendre comme en sommeil avec le secours du glorieux évangéliste Jean et de Thomas