Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/51

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dinaux réunis à Fondi sous la protection de la reine de Naples, après avoir déclaré Urbain VI apostat et intrus, ont élu à sa place Robert de Genève, qui a pris le nom de Clément VII. C’est le schisme, prévu et prédit par Catherine. Quelle nouvelle plus poignante pouvait apporter à cette heure la lettre de Raymond de Capoue ? La teneur de cette missive, qui nous est ainsi dévoilée avec précision par le rapprochement des dates, nous conduit à ce que raconte l’historien de la sainte dans sa Légende.

« C’est au moment où elle s’appliquait à la composition de son Livre qu’Urbain VI me demanda de lui écrire pour qu’elle vint le visiter à Rome ; il l’avait connue lors de son séjour à Avignon, et il avait été fort édifié de ses discours et de ses actions, alors qu’il n’était encore qu’archevêque d’Acerenza. Il me confia cette commission parce que j’étais le confesseur de Catherine[1]. »

La vierge s’empressa de répondre au Souverain Pontife lui-même[2] : « Hélas ! hélas ! hélas ! lui disait-elle, ne vous laissez pas arrêter par l’épreuve. N’ayez nulle crainte pour la vie du corps, n’ayez peur de la perdre, Dieu est pour vous ! S’il faut donner sa vie, c’est de plein cœur qu’il faut la donner. Oh ! malheureuse mon âme, cause de tous ces maux ! Ce n’est pas un Christ sur terre, que ces démons incarnés ont élu ! Ils n’ont produit qu’un antechrist contre vous, le vrai Christ sur terre… Ainsi donc hardiment, Très saint Père et sans peur ! » En terminant elle demande la bénédiction du Pontife et elle ajoute : « Je vous prie aussi de me faire connaître en toute vérité votre volonté, afin que j’accom-

  1. Légende, III, I.
  2. Cette lettre est du 5 octobre, s’il faut en croire la date mise dans l’édition d’Aldo ; elle est la 18e dans Gigli et dans Cartier.