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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/53

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missive de son père spirituel lui causa une grande douleur ; elle en était toute pénétrée le jour de saint François (4 octobre). Et c’est le jour de Marie, c’est-à-dire le samedi suivant, qu’eut lieu la première extase et la première dictée du livre. Ce dernier détail est commun à la fois à la lettre et au livre.

En 1378, la fête de saint François (4 octobre) tombait un lundi. C’est donc le samedi suivant, c’est-à-dire le 9 octobre, après la sainte communion qu’elle fit ce jour-là, qu’eut lieu la première extase.

Combien dura la rédaction ! Peu de temps au dire de Raymond de Capoue, brevi tempore[1]. C’est l’attestation que reproduit Caffarini dans sa Légende abrégée. Une note recueillie par Gigli sur le M. S. de Maconi nous apprendrait que l’ouvrage fut terminé le 13 octobre. Quelle est l’autorité de cette note postérieure ? Il est assez difficile de le dire. En acceptant cette indication, le livre commencé le 9 aurait donc été composé en cinq jours. Le fait peut paraître extraordinaire, mais cette œuvre aussi relève du merveilleux et faut-il la mesurer à la seule vertu de l’effort humain ? Tout le rôle de la critique se réduit ici à l’examen et au contrôle des agents extérieurs et des conditions matérielles qui concoururent à la rédaction de l’ouvrage.

Nous savons que la sainte ne dicta qu’en état d’extase, alors qu’elle conversait avec son Époux, il importe donc de déterminer la fréquence et la durée de ses extases pour juger si elles rendent possible la composition d’un livre pareil au cours de cinq journées. Dom Étienne témoigne que c’est tous les jours que son âme était ainsi ravie en Dieu, et plusieurs fois par jour. Le moindre incident l’y provoque. Si elle parle de Dieu, son esprit s’absorbe en lui ; si elle entend parler de choses étrangères à Dieu, elle se réfugie en lui.

  1. Légende, III°, c. 2.