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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/61

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pure ; mais c’est sa miséricorde qui le porte à détruire en nous toute imperfection et toute misère. Sa Providence a des industries infinies pour achever en nous cette perfection sans laquelle il n’y a pas d’entrée dans le royaume : mais elle est au service de la Miséricorde. La sagesse règle tout, ordonne tout, fait tout converger à la glorification des élus, mais elle a pris conseil de la Miséricorde. Cette perfection de la Sagesse, de la Bonté, de l’Amour est ce qu’il y a de plus propre à Celui qui est l’Être dans sa plénitude et le Bien absolu. La Miséricorde est en quelque sorte ce qu’il y a de plus divin en Dieu. De quels cris déchirants Catherine implore-t-elle cette miséricorde pour l’Église, pour le monde, pour les chrétiens, pour tous les hommes ! Aussi, dans la conclusion où le Père Éternel résume tout le livre, il concentre tout son dessein en cette réponse suprême : Je ferai miséricorde au monde, miséricorde à la sainte Église ! « Parce que, dit-il, je t’ai montré que la miséricorde est ma propriété distinctive », ce qu’il y a de plus divin en moi[1] !

J’ai dit pourquoi il fallait renoncer à indiquer la divine Providence comme objet général du Livre, et voilà les raisons qui m’ont fait choisir la divine Miséricorde comme dominante de toutes les considérations qui remplissent le dialogue.

Gigli, après ses devanciers, avait ainsi formulé son titre : Traité de la divine Providence.

J’ai écarté pareillement cette appellation de Traité qui sent trop l’École et les spéculations de l’École et s’applique assez mal dans sa rigueur didactique aux libres et vivants colloques d’une âme avec Dieu. Je lui ai substitué celui de Livre. C’est sous ce vocable que Catherine a toujours parlé de cet ouvrage, c’est sous ce vocable « el

  1. Dialogue, T. II, pp. 321-322.