Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/83

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Après avoir ainsi morcelé la phrase de l’original, le traducteur s’est ordinairement contenté d’en rapprocher les morceaux bout à bout, sans les articuler par leur affinité réciproque. Au lieu de les ordonner dans une synthèse logique, il les juxtapose dans un agrégat où tout demeure mêlé et confus, sans que l’esprit puisse y découvrir l’âme de pensée immanente qui les unifie en les vivifiant. Encore lui arrive-t-il, ici et là, de laisser tomber des détails du texte.


4° La quatrième traduction est celle-ci même qui se présente au lecteur. L’on aura pu comprendre à ce qui vient d’être dit de quel principe elle s’inspire. Il importe tout d’abord de bien saisir l’idée dominante d’une période pour l’accuser fortement en une formule très nette. Encore ne suffit-il pas d’en reproduire les lignes générales. Il en faut extraire toutes les particularités, toutes les notes caractéristiques qui la font personnelle à l’auteur pour les rendre avec leur nuance exacte, et, s’il se peut avec la même sûreté, la même précision, la même aisance que si cette pensée, on l’avait conçue soi-même. Il n’est pas un mot du texte qui ne doive se retrouver dans la version. S’il arrive parfois qu’il n’y soit reproduit dans son décalque matériel, tout au moins doit-il y avoir son expression analogue, indiquée et comme fondue dans une locution de la langue nouvelle. Tâche difficile toujours, mais surtout lorsqu’il s’agit, comme dans le Dialogue, d’une pensée doctrinale qui plonge aux profondeurs de la Vérité éternelle pour exprimer, en termes simples autant que précis, des mystères dont la substance est ineffable.

Le P. Chardon, dans son Advertissement au lecteur, lui présentait ainsi sa traduction : « Enfin, cet ouvrage de Dieu vivant, inspiré à Saincte Catherine de Sienne, qu’elle a dicté en sortant de ses extases, tant désiré des sa-