Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vants et si longtemps attendu par les âmes dévotes, parait avec plus de jour en nostre langue qu’il n’avait pas encore eu. » L’auteur de cette traduction nouvelle souhaiterait, sans y prétendre, de pouvoir se faire du mérite de son œuvre une conviction aussi robuste, afin de mieux répondre et à l’attente des âmes et à la pensée de Dieu. Il aura du moins indiqué, autant qu’il est en lui le sens de son effort.

Le nouveau traducteur, à l’occasion du tableau des vices du clergé au xive siècle, s’est trouvé devant le même problème que son prédécesseur. Cette peinture est-elle vraiment faite pour choquer les âmes délicates ? Cartier s’en explique dans son Avant-propos (xiv). Il déclare qu’avant de publier sa traduction, « il a cru devoir consulter des ecclésiastiques recommandables par leur science et leur vertu ». C’est leur décision qu’il oppose à ceux qui pourraient le blâmer de n’avoir pas supprimé la description de ces désordres.

Avec plus de raison encore, il allègue le fait que les œuvres complètes de Catherine ont reçu l’approbation du Saint-Siège et ont été imprimées maintes fois et dans les États de l’Église. Ce qui n’a pas été estimé dangereux en italien pourrait-il le devenir dès qu’il se traduit en français ? Ces désordres, la bienheureuse, ou plutôt Dieu qui parle en elle, les étale pour exciter les âmes ferventes à faire violence à la Miséricorde par leurs prières et leurs désirs saints et obtenir la réforme des Pasteurs, mais aussi pour apprendre aux chrétiens que, malgré ses fautes, le prêtre reste prêtre, que la puissance dont il est investi demeure entière pour l’administration des sacrements et l’essence de son service ; qu’il a droit toujours comme représentant du Christ et ministre du sang divin, malgré son indignité personnelle, au respect de tous, parce que ce respect c’est au Christ et à Dieu qu’il remonte ; enfin que nul parmi les hommes, si haut qu’il soit en puissance humaine, n’a le droit de les punir.