Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/86

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contrer dans cette trouvaille une pierre d’achoppement.

Il m’a semblé moins périlleux de satisfaire la curiosité avant même qu’elle ne soit en éveil, et sans la provoquer en essayant de lui cacher ce que par ailleurs on lui présente. J’ai donc traduit simplement les pensées qui passèrent par l’intelligence de Catherine sans y laisser la moindre souillure, et telles qu’elles nous furent transmises par ses lèvres virginales. Ces spécialités du vice n’ont vraiment de venin qu’à l’état isolé. En les laissant noyées dans le contexte, en les replongeant dans le courant très pur des indignations divines et des réprobations vengeresses, leur nocivité est neutralisée. Le récit qui en est fait recouvre dès lors toute la vertu qu’y a mise la Sagesse incréée, qui est d’inviter les âmes saintes à faire violence à la miséricorde du Seigneur.

Cristoforo di Gano Guidini raconte dans son Mémorial qu’après qu’il eut fait transcrire en bonne forme sa traduction latine, revue et corrigée par Dom Étienne, il reçut à Sienne la visite d’un vénérable évêque français, de l’ordre de saint Dominique, lequel était accompagné de Maître Raymond, général des Prêcheurs.

Le prélat avait rencontré jadis Catherine à la cour pontificale d’Avignon et avait pu s’entretenir avec elle. Ce souvenir, avivé par les récits de Raymond de Capoue et des autres disciples de la bienheureuse, faisait de lui un dévot de la vierge siennoise.

Cristoforo avait reçu la veille sa belle copie toute neuve ; il la porta à l’Évêque pour la lui faire voir. Lorsque l’évêque l’eut vue, il ne fut plus possible de la retirer de ses mains. « Il y a dans ce Livre, disait-il, une si forte doctrine et si bien exposée qu’on ne la