Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/108

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Tu devrais être ferme et inébranlable dans la doctrine de ma Vérité, fixer en elle ton cœur et ton esprit, et tu es roulé comme une feuille au vent, tu fais voile à tout souffle qui passe. Le souffle de la prospérité te gonfle d’allégresse et tu t’y livres sans mesure ; le vent de l’adversité t’emporte hors de toi et te jette dans la colère, cette moelle de l’orgueil ; — la colère est la moelle de l’orgueil, comme la patience est la moelle de la chanté. Ainsi à l’orgueilleux, prompt a la colère, tout est tourment, tout est scandale.

Je réprouve tant l’orgueil, que je l’ai précipité du ciel dès que l’ange voulut s’exalter lui-même. L’orgueil ne monte pas au ciel, il tombe au fond des enfers. Aussi ma Vérité a-t-elle dit : " Celui qui s’exaltera (c’est-à-dire l’orgueilleux), sera abaissé et celui qui s’abaisse sera exalté ". Dans tous les hommes, quelle que soit leur condition, l’orgueil m’est odieux. mais surtout, comme je te l’ai dit, en ceux qui sont mes ministres : car, ceux-là, je les ai mis en un état d’humilité, pour servir l’humble Agneau. Chez eux, pourtant, quel orgueil ! Comment ce malheureux prêtre ne rougit-il pas de s’enorgueillir ainsi, quand il me voit abaissé devant vous jusqu’à vous livrer le Verbe mon Fils unique, dont je l’ai fait le ministre, quand ce Verbe, pour obéir à ma volonté, s’est humilié jusqu’à la mort, jusqu’à l’opprobre de la croix ? Il a la tête déchirée d’épines, et ce malheureux lève le front, contre moi et contre le