Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/109

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prochain. Au lieu de l’humble Agneau qu’il devrait être, c’est un bélier, portant cornes d’orgueil, et frappant quiconque l’approche.

O homme infortuné ! tu ne penses donc pas que tu ne peux m’échapper ? Est-ce là l’office que je t’ai confié, de me frapper, Moi, avec les cornes de l’orgueil, en m’outrageant ainsi que ton prochain, quand, sans droit et sans raison, tu te tournes contre lui ? Est-ce donc là cette miséricorde, avec laquelle tu devrais célébrer le mystère du corps et du Sang du Christ mon Fils ? Tu es devenu, comme une bête féroce, et tu n’as plus aucune crainte de Moi ! Tu dévores ton prochain ; tu fomentes la division autour de toi, par ta partialité ; tu n’as d’égard que pour ceux qui te servent, qui te font des cadeaux, ou pour ceux qui te plaisent, parce que leur vie est semblable à la tienne. Tu les devrais corriger, et leur faire honte de leurs vices, tu leur en donnes l’exemple, au contraire ; ils n’ont qu’à t’imiter, pour faire ce qu’ils font ou pis encore. Agirais-tu ainsi si tu étais bon ? Mais comme tu es mauvais, tu ne sais pas corriger, tu es insensible aux fautes d’autrui. Tu méprises les humbles, et les pauvres vertueux tu les fuis : tu ne le devrais pas faire, mais tu as tes raisons pour cela. Tu les fuis, parce que la corruption de tes vices ne peut supporter l’odeur de la vertu. Il te répugne de voir mes pauvres à ta porte, et tu évites d’aller les visiter dans leurs besoins : tu les vois mourir de faim, sans venir à leur secours ? Et pourquoi donc ? sinon parce que ton front porte les cornes de l’orgueil, et que ces cornes