Aller au contenu

Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’orgueil ne veulent pas s’abaisser à accomplir un petit acte d’humilité ! Et pourquoi donc refuses-tu de t’abaisser ? Parce que l’amour-propre, où se nourrit l’orgueil, est maître chez toi. Voilà pourquoi, tu ne veux pas condescendre aux malheureux, voilà pourquoi tu ne veux pas administrer aux pauvres, les secours temporels et spirituels, ce service ne devant te rapporter aucun profit.

O maudit orgueil fondé sur l’amour-propre ! Comme tu as aveuglé leur intelligence ! Ils croient s’aimer eux-mêmes et d’une tendresse sans égale, et ils ne voient pas à quel point ils sont cruels envers eux-mêmes, et qu’ils perdent quand ils peuvent gagner ! Ils sont dans les délices, pensent-ils, ils possèdent richesses et dignités ! Ils s’aveuglent sur leur pauvreté et leur bassesse. Ils ne voient pas qu’ils ont perdu cette richesse de la vertu et qu’ils sont tombés des hauteurs de la grâce à la honte du péché mortel. Ils croient voir ; mais ils sont aveugles, parce qu ils ne se connaissent pas et ne me connaissent pas moi-même. Ils ne connaissent pas leur état, ni la dignité à laquelle je les avais élevés. ils ne connaissent pas la fragilité du monde et son peu de solidité s’ils la connaissaient, s’en feraient-ils un dieu ?

Qui leur a fait perdre cette connaissance ? L’orgueil ! Et voilà ce qu’ils sont devenus, eux que j’avais élus pour mes anges, pour qu’ils fussent, en en cette vie, les anges de la terre. Des hauteurs du ciel ils sont tombés au fond des ténèbres ; et, ces ténèbres se font si épaisses, leur iniquité si profonde,