Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/117

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raisonnables, puisque leurs vices ont fait d’eux de simples animaux, n’ont plus à leur service ce chien, peut-on dire : car il est tellement débile qu’il n’est plus d’aucun secours, et ils ne possèdent pas, non plus, le bâton de la sainte justice. Leurs vices les ont rendus tellement craintifs que leur ombre même leur fait peur ; crainte, qui n’est pas sainte, en vérité, mais toute servile. Ils devraient être prêts à supporter la mort pour arracher les âmes des mains du démon, et c’est eux qui les lui livrent, en ne leur procurant pas l’enseignement d’une bonne et sainte vie et en ne voulant pas même s’exposer pour leur salut à la moindre parole injurieuse.

Maintes fois, ce ministre se trouvera en présence d’une âme à lui confiée, et qui traîne la chaîne de lourdes fautes. Cette âme a de graves obligations de justice vis-à-vis d’autrui, et cependant, par un amour désordonné pour les siens, pour ne pas dépouiller sa famille, elle n’est pas disposée à s’acquitter de cette dette. Le fait est connu de beaucoup de gens ; ce malheureux prêtre ne peut pas l’ignorer ; on est même venu lui exposer cette situation, afin que, en sa qualité de médecin — ce qu’il doit être, - il puisse donner à cette âme, les soins que réclame son état. Ce pauvre ministre se rendra auprès d’elle, avec l’intention de faire ce qui doit être fait, mais le premier mot malsonnant, le moindre regard menaçant suffisent a lui ôter tout son courage il n’insistera plus. Parfois, on lui fera un cadeau. Bien pris désormais entre le présent accepté et la