Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/118

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crainte servile, il laissera cette âme comme il l’avait trouvée, aux mains du démon, et il lui donnera le Sacrement, le corps du Christ mon Fils unique. Il voit pourtant, il sait que cette âme est plongée dans les ténèbres du péché mortel ; mais il ne veut pas déplaire aux gens du monde, il est dominé par une crainte désordonnée, il est séduit par le présent qu’on lui a fait ; il administre les sacrements à ce pécheur public qui va mourir, et il l’ensevelit en grande pompe avec tous tes honneurs ecclésiastiques, alors qu’il aurait dû le jeter hors de l’Église comme un animal, comme un membre retranché du corps.

Quel est donc le principe d’une semblable conduite ? L’amour-propre et l’exaltation de l’orgueil S’il m’avait aimé, Moi, par-dessus toute chose s’il avait aimé l’âme de ce pauvre malheureux il fût demeuré humble et n’eût plus eu peur, il aurait cherché à sauver cette âme.

Tu vois combien de maux ont leur fondement, dans ces trois vices, que je t’ai donnés comme les trois colonnes où s’appuient tous les autres péchés :

l’orgueil, l’avarice, l’impureté de l’esprit et du corps. Tes oreilles ne pourraient entendre toutes les iniquités que commettent ces membres du démon.

N’as-tu pas vu toi-même, où les entraînent parfois leur orgueil, leur luxure et leur avarice ? Il se rencontre quelques âmes trop simples, mais de bonne foi, dont l’esprit est troublé par la crainte d’être possédées du démon. Elles vont trouver ce malheureux