Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/121

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commerce ; son nom même te serait odieux, et tu ne pourrais l’entendre prononcer sans épou vante. Mais puisque c’est sa volonté que tu suis, puisque c’est dans son œuvre que tu mets ton bonheur, ô deux fois aveugle que tu es, demande donc au démon, je t’en prie, quelle récompense il te réserve pour le service que tu lui rends. Il te répondra qu’il donnera ce qu’il possède lui-même. Il ne peut rien t’offrir que les cruels tourments, que le feu dans lequel il brûle éternellement et où, des hauteurs des cieux, l’a précipité son orgueil.

Toi, ange de la terre, ta superbe t’a fait choir aussi de la sublimité du sacerdoce et des sommets de la vertu, dans un abîme de misères, et si tu ne renonces pas à tes crimes, tu rouleras jusqu’aux profondeurs de l’enfer. Tu as fait de toi-même et du monde ton seigneur et ton dieu. Tu as joui du monde, en cette vie : ta propre sensualité s’est gorgée de ses plaisirs, ô prêtre, que j’avais revêtu du sacerdoce, pour mépriser le monde et ta propre sensualité ! Eh bien ! maintenant, dis donc au monde, dis donc à ta sensualité, de plaider pour toi devant moi, le Juge souverain ! Ils te répondront qu’ils ne peuvent t’être d’aucun secours ; ils se riront de toi ; ils diront que tu as bien mérité ton sort, qu’il est juste que tu demeures confondu et réprouvé, devant Moi et devant le monde. Tu ne vois pas ton malheur, parce que, je te l’ai dit, la corne de ton orgueil t’a aveuglé. Mais tu le verras, au moment de la mort, alors que tu ne trouveras en toi-même aucune vertu pour éviter la damnation ;