Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/124

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les pauvres malheureux, qui ont perdu cette lumière, vont de crime en crime, tranquillement, sans un remords, jusqu’au bord de la fosse.

Du temple de leur âme, de la sainte Église qui est un jardin, ils ont fait un repaire d’animaux. O très chère fille, quelles abominations il me faut souffrir ! Leurs maisons devraient être l’asile de mes serviteurs et des pauvres. Ils devraient n’y avoir d’épouse que leur bréviaire et d’enfants que les livres de la sainte Ecriture : c’est dans cette compagnie qu’ils devraient se complaire, pour procurer au peuple la doctrine et lui donner l’exemple d’une sainte vie ! Et leurs demeures sont devenues le réceptacle du désordre, elles sont ouvertes aux personnes d’iniquité ! Vois-le ce prêtre ! Ce n’est pas le bréviaire qui est son épouse, ou il ne le traite que comme une épouse adultère. Une créature du démon a pris sa place et vit avec lui dans le crime. Ses livres, vois-les, c’est la troupe de ses fils ; au milieu de ces enfants, fruits de la faute, fruits de son péché, il se sent heureux, sans penser à en rougir.

Les solennités pascales et autres jours de fêtes, où il est tenu de rendre honneur et gloire à mon nom, par l’office divin, et de faire monter vers moi l’encens d’humbles et ferventes prières, il les passe au jeu, à se divertir avec les créatures du démon, à se distraire avec les séculiers, à la chasse ou à la pipée, comme un laïc et un homme de cour.

O malheureux homme i Où en es-tu arrivé ! Ce sont les âmes que tu devais poursuivre et prendre pour l’honneur et la gloire de mon nom ! C’est dans