Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/125

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les jardins de la sainte Église que tu devais demeurer, et tu cours les bois ! Tu es devenu bête toi-même, tu entretiens dans ton âme une foule d’animaux qui sont tes nombreux péchés mortels, voilà pourquoi tu t’es fais oiseleur et chasseur de bêtes ! Le jardin de ton âme est passé à l’état Sauvage, il est devenu un fourré d’épines. C’est pour cela que tu te plais à courir, par les lieux déserts, à la poursuite des bêtes des forêts.

Rougis donc, ô homme ! Considère tes crimes de quelque côté que tu regardes, tu as de quoi rougir ! Mais non, tu es inaccessible à la honte, parce que tu as perdu la véritable et sainte crainte de Moi ! Comme une courtisane sans pudeur, tu te vantes d’occuper une grande situation dans le monde, d’avoir une belle famille, une troupe nombreuse d’enfants ! Si tu n’en as pas, tu cherches à en avoir, pour laisser des héritiers de ta fortune. Mais tu n’es qu’un bandit, tu n’es qu’un voleur ! Tu sais bien que tu ne peux leur laisser ces biens et que tes héritiers ce sont les pauvres et la sainte Église. O démon incarné ! esprit sans lumière, tu cherches ce que tu ne dois pas chercher ; tu te flattes, tu es fier de ce qui devrait te couvrir de confusion et te faire rougir devant moi, qui vois le fond de ton cœur. Les hommes eux-mêmes te méprisent, mais les cornes de ton orgueil t’empêchent de voir ta honte !

O très chère fille, je l’avais placé, ce prêtre, sur le pont de la doctrine et de ma Vérité, pour qu’il vous administrât à vous, les voyageurs, les sacrements de la sainte Église. Et le voilà qui est