Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/133

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en se confessant indigne d’avoir reçu et de recevoir une si grande grâce. Sa conscience me rend bon témoignage, et moi, je lui rends, suivant son mérite, la couronne de justice, ornée de perles précieuses, qui sont les bonnes œuvres que la charité a fait produire à ses vertus.

O Ange de la terre, bienheureux es-tu, de n’avoir pas été ingrat pour les bienfaits que tu as reçus de moi, de ne les avoir ni négligés ni méconnus !

Eclairée de la vraie lumière, ta sollicitude a toujours en l’œil ouvert, sur ceux qui t’étaient confiés. Pasteur fidèle, au cœur viril, tu as suivi la doctrine du vrai et bon Pasteur, le doux Christ Jésus, mon Fils unique. Aussi, est-ce par lui, en vérité, que tu es arrivé à Moi, baigné et noyé dans son sang, avec le troupeau de tes brebis, dont tu as déjà conduit un grand nombre à la vie éternelle, par la sainte doctrine et par tes exemples, et dont tu laisses beaucoup d’autres encore, en état de grâce.

O fille très chère, comment ceux-là pourraient-ils être troublés par la vue du démon, qui me voient déjà par la Foi et qui me possèdent par l’amour. En eux, point de corruption, point de péché : les ténèbres, les terreurs du dernier passage, ne leur causent donc aucune épouvante, aucun effroi. Ils n’ont point de crainte servile tout est saint dans leur crainte. Ils n’ont pas peur des illusions du démon, dont la lumière surnaturelle et la révélation des saintes Ecritures leur ont fait connaître les pièges ; aussi leur âme n’en est-elle ni obscurcie ni troublée.