Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/174

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ce qu’ils devraient vénérer, et dans leur orgueil, ils veulent juger mes jugements secrets qui sont la droiture même. Ils ressemblent à ces aveugles qui, soit parle toucher, soit par le goût, soit par le son de la voix, voudraient juger de la valeur des choses, en s’en référant uniquement aux impressions de ces sens inférieurs et bornés. Ils ne veulent pas s’en rapporter à moi, qui suis la vraie lumière, à moi qui les nourris spirituellement et corporellement, à moi sans lequel ils n’ont plus rien. Quand ils reçoivent quelque service d’une créature, c’est moi qui ai disposé cette créature, qui lui ai donné aptitude et savoir, volonté et puissance de leur être utile. Ces insensés ne se veulent conduire qu’en touchant de la main. Mais le toucher est trompeur ; il n’a pas la lumière, qui fait discerner la couleur ; pareillement, le goût peut être induit en erreur, car il ne voit pas l’insecte impur qui vient parfois se poser sur les aliments. L’oreille peut être abusée par la douceur du son, parce qu’elle ne voit pas celui qui chante, et si l’on se fie à lui, en ne s’en rapportant qu’à sa voix, il peut vous donner la mort.

Ainsi font ces aveugles, qui ont perdu la lumière de la raison ; ils n’en veulent croire qu’aux impressions de leurs sens, ils sont comme ceux qui se contentent de tâter avec la main. Les plaisirs du