Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/175

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monde leur semblent délicieux ; mais comme ils ne voient pas, ils ne se rendent pas compte que ces plaisirs ressemblent à une étoffe garnie d’une infinité d’épines, qu’ils sont accompagnés de grandes tristesses et de beaucoup de soucis, et que le cœur qui les possède en dehors de moi est insupportable à soi-même.

Ces plaisirs semblent doux et agréables à la bouche, je veux dire au désir désordonné qui les convoite. Mais sur ces plaisirs grouillent des bêtes immondes, tout un essaim de péchés mortels, qui vont infecter l’âme, la défigurer au point de lui faire perdre ma ressemblance et de lui ôter la vie de la grâce. Si cette âme n’ouvre enfin les yeux à la lumière de la foi, pour aller se purifier dans le Sang, c’est pour elle la mort éternelle.

Elle écoute l’amour-propre. Ah ! la douce chanson, croit-elle. — Et pourquoi ? — Parce que d’elle-même, l’âme court droit à l’amour de la sensualité elle est donc tout oreille pour la chanson qui l’abuse ; elle ne regarde plus rien, elle va devant elle, suivant la voix qui la charme, tout entière à cette séduction ; elle trouve le fossé et la culbute ; la voilà prise dans les liens du péché, la voilà aux mains de ses ennemis. Aveuglée par son amour-propre, par la confiance qu’elle avait mise en elle-même et dans son propre savoir, je n’étais plus rien à ses yeux, moi qui suis son guide et sa voie. Elle a été tracée cette voie, par le Verbe mon Fils qui a dit : Je suis la voie et la vérité, la vie et la lumière. Qui passe par lui, ne peut être trompé