Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/180

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que ta volonté puisse rien, pour les fixer et les retenir. Il n’est que ma grâce qui soit ferme et qui demeure d’elle-même elle ne change pas et ne peut t’être enlevée. Nul n’a pouvoir de te séparer d’elle et, de te rejeter au péché, à toi seul il appartient de changer et de la perdre. Comment donc peux-tu lever la tête contre ma bonté ? Le ferais-tu si tu voulais obéir à la raison, et pourrais-tu placer en toi-même ton espérance et te confier en ta propre sagesse ? Il faut être devenu un animal sans raison, pour ne pas voir que tout change, excepté ma grâce. Pourquoi donc n’as-tu pas confiance en moi, ton Créateur ? Pourquoi compter sur toi-même ? Ne suis-je pas fidèle et loyal envers toi ? Oui, certainement, tu ne peux pas l’ignorer, tu l’expérimentes tous les jours.

O très douce et très chère fille, c’est l’homme qui n’a pas été fidèle ni loyal envers moi. Il a transgressé le commandement que je lui avais imposé, et sa désobéissance l’a précipité dans la mort, alors que moi je lui demeurai fidèle. Je lui ai tenu parole, en lui maintenant ce pourquoi je l’avais créé, désireux toujours de lui procurer le bien suprême et éternel.

Pour réaliser ce dessein de ma vérité, j’ai uni ma divinité, l’Altesse Souveraine, avec la bassesse de son humanité. Racheté et restauré dans la grâce par la vertu du sang de mon Fils unique, l’homme peut donc dire qu’il a expérimenté ma fidélité. Et pourtant il doute encore, semble-t-il, que je sois assez puissant pour le secourir, assez fort pour l’assister