Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/181

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et le défendre contre ses ennemis, assez sage pour éclairer l’œil de son intelligence, ou que j’aie assez de clémence pour vouloir lui donner ce qui est nécessaire à son salut. Il parait croire que je ne suis pas assez riche pour faire sa fortune, ni assez beau pour le remettre en beauté ; l’on dirait qu’il a peur, de ne pas trouver chez moi de pain pour le nourrir, ni de vêtement pour le couvrir.

Toute sa conduite révèle bien que c’est ainsi qu’il en juge. Car, s’il croyait en moi, vraiment, sa foi ne produirait-elle pas de bonnes et saintes œuvres ? Chaque jour cependant il éprouve que je suis fort. N’est-ce pas moi qui le conserve dans l’être et le défend de ses ennemis ? Il voit bien que nul ne peut résister à ma force et à ma puissance ; du moins, s’il ne le voit pas, c’est qu’il ne veut pas le voir.

C’est ma sagesse qui a tout ordonné dans le monde, et qui le gouverne avec tant de mesure que rien n’y manque, et qu’on n’y peut rien ajouter, ni pour l’âme ni pour le corps. J’ai pourvu à tout sans que votre volonté ait pu m’y contraindre, puisque vous n’étiez pas encore. C’est ma seule clémence qui m’a poussé moi-même, à faire le ciel et la terre, et la mer et le firmament. J’ai créé le ciel, pour qu’il se meuve sur vos têtes, j’ai créé l’air, pour que vous respiriez le feu et l’eau pour tempérer l’un par l’autre ; le soleil, pour ne pas vous laisser dans la nuit. Tout ainsi a été fait et ordonné pour subvenir aux besoins de l’homme. Le ciel est peuplé d’oiseaux, la terre se couvre de fruits et de nombreux animaux pour la subsistance de l’homme ;