Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/184

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ramener à l’état sauvage. S’il y sème cette mauvaise graine de l’amour-propre, par laquelle se propagent les sept péchés capitaux, qui à leur tour produisent tous les autres, il aura tôt fait d’étouffer les sept dons du Saint-Esprit et de détruire toutes les vertus. Plus de force désormais ; le voilà malade. Plus de tempérance, plus de prudence, parce qu’il a perdu la lumière qui guidait la raison. Plus de foi, plus d’espérance, plus de justice. Il ne respecte plus le droit, il n’espère qu’en lui, et avec sa foi morte il ne croit qu’à soi. Il met sa confiance dans les créatures, non en moi-même. Plus de charité, plus de piété ! L’amour de sa propre fragilité a tout détruit. Comment pourrait-il être bon pour le prochain, il est devenu si cruel à lui-même ! Le voilà, par son fait, dépouillé de tout bien, et tombé dans le plus grand des maux.

Et qui donc lui rendra la vie ? Ce même Elisée, le Verbe incarné, mon Fils unique ! Et comment ? Que ce jardinier s’arme de la haine de soi-même — sans elle il n’avancerait à rien — et qu’il arrache les épines de son propre péché ; puis, qu’avec amour, il s’empresse de se conformer à la doctrine de ma vérité : qu’il arrose son jardin avec le Sang, ce sang que le prêtre répand sur sa tête, lorsqu’il va se confesser avec un vrai repentir dans le cœur, le regret de la faute, le désir de la satisfaction, et la résolution de ne plus m’offenser. Voilà le moyen par lequel l’homme peut restaurer le jardin de son âme, pendant cette vie ; passé ce temps, il n’y a plus de remède, tout est fini, comme je te l’ai expliqué maintes fois.