Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/19

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avoir la lumière tout entière, sans division aucune. Ainsi la lumière de mon Fils ne peut être divisée, ni par l’imperfection de celui qui la reçoit, ni par la faute de celui qui l’administre. Mais cependant vous ne participez à cette lumière, vous n’en recevez de grâce en vous, que dans la mesure de vos dispositions, de votre saint désir. Qui s’approcherait de ce sacrement, en péché mortel, n’en recevrait aucune grâce, quoiqu’il reçut réellement Dieu tout entier, et l’homme, tout entier, comme je te l’ai dit.

Sais-tu à quoi ressemble cette âme qui reçoit le Sacrement indignement ? A un cierge qui serait tombé dans l’eau, et qui ne fait que crépiter quand on l’approche du feu ; veut-on y introduire la flamme, elle s’éteint, et il n’en reste que de la fumée. Cette âme, elle aussi, porte en elle son cierge, qu’elle a reçu au saint baptême, mais elle l’a jeté dans l’eau de la faute qu’elle a commise, au dedans d’elle-même. Cette eau a mouillé la mèche, cette lumière de la grâce qui lui fut donnée dans le saint baptême, et tant qu’elle n’a pas été séchée, au feu d’une véritable contrition accompagnée de l’aveu de la faute, elle va, à la table de l’autel, recevoir cette lumière, réellement, mais non spirituellement. Quand l’âme n’est pas préparée comme il convient à un si grand mystère, cette vraie lumière ne demeure pas en elle par la grâce ; elle s’éteint aussitôt, et l’âme se trouve en une confusion plus grande, en des ténèbres plus épaisses, avec une faute plus lourde à porter. De ce Sacrement, elle ne retire qu’un remords plus criant dans sa conscience, non