Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/198

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grâces tu as reçues : tu es dans le temple saint de Dieu, tu vois le prêtre qui célèbre le sacrifice, toi qui mériterais par tes péchés d’être placée en enfer ? Mais ces considérations n’apaisaient point son désir, bien au contraire, plus elle s’abaissait dans les profondeurs de l’humilité, plus elle se sentait élevée au-dessus d’elle-même ; ma grâce la faisait pénétrer davantage, par la foi et l’espérance, dans la connaissance de ma bonté ; et elle y trouvait la confiance que l’Esprit-Saint, son serviteur, contenterait sa faim.

C’est alors que je lui donnai ce qu’elle désirait d’une manière qu’elle naurait pas su prévoir. Avant la communion, au moment où le prêtre divise l’hostie, il s’en détacha une fraction qui tomba sur l’autel. Par une disposition de ma sagesse et un acte de ma puissance, cette parcelle de l’hostie, qui s’en était détachée, quitta l’autel, pour aller à l’autre extrémité de l’église où se tenait cette âme. Celle-ci sentit à ce moment qu’elle était communiée, mais croyant qu’elle l’avait été d’une manière invisible, et que rien n’en avait paru au dehors, elle pensa, dans l’ardeur de son amour, qu’une fois de plus j’avais secrètement satisfait son désir comme il lui était déjà arrivé bien souvent.

Ce n’était pas l’avis du prêtre. Celui-ci ne trouvant pas cette parcelle de l’hostie, en éprouvait une douleur qui eut été intolérable, si dans ma clémence l’Esprit-Saint le serviteur, ne lui eût suggéré l’idée de la personne qui l’avait reçue. Un doute cependant