Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/197

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même essence. Cette âme s’unit si étroitement à ce divin objet, que son corps en était soulevé de. terre ; car, dans cet état unitif, l’âme, comme je te l’ai expliqué, est plus parfaitement unie à moi par le sentiment de l’amour qu’elle ne l’est à son propre corps. C’est au sein de cet abîme, que, pour satisfaire son désir, je lui donnai moi-même la sainte communion, et en signe de la réalité de cette grâce, pendant plusieurs jours, elle éprouva d’une manière merveilleuse, par ses sens corporels, le goût et l’odeur du sang et du corps du Christ crucifié, ma Vérité. Elle en fut toute renouvelée dans la lumière de ma providence, qu’elle avait goûtée avec tant de douceur.

Cette intervention providentielle ne fut sensible qu’à cette âme seule elle demeura invisible polir les autres créatures.

Quant au second fait, il eut pour témoin le prêtre qui fut acteur dans l’événement, et qui le vit de ses yeux.

Cette âme avait un grand désir d’entendre la messe et d’y communier ; mais, retardée par une infirmité, elle n’avait put se rendre à l’église à l’heure voulue. Elle y vint cependant, mais en retard. Quand elle arriva, le prêtre en était à la consécration. La messe se célébrait à un autel placé au chevet de l’église, mais elle demeura au bas dut temple, à l’autre extrémité, parce que l’obéissance ne lui permettait pas d’entrer plus avant. C’est donc là qu’elle se tint. Elle disait dans ses gémissements : O âme misérable, ne vois-tu pas quelles