Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/209

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insurrection. Même à regarder les choses saintes, a les toucher, à les voir, à les sentir, à s’en approcher, l’âme éprouve des troubles dans la sensibilité, comme si tout provoquait, chez elle, des émotions déshonnêtes et corruptrices. Mais rien de tout cela ne donne la mort à l’âme, car je ne veux pas sa mort, pourvu qu’elle prenne garde de ne pas ouvrir la porte de la volonté. Je permets à ces ennemis de s’agiter au dehors, mais non de pénétrer au dedans. Ils ne peuvent entrer dans la place, qu’autant que la volonté propre le veut.

Et pourquoi exposer ainsi à tant de tourments et d’afflictions cette âme entourée de tant d’ennemis ? Ce n’est pas pour qu’elle succombe et perde le trésor de ma grâce, mais pour lui donner une idée plus haute de ma providence. Je veux l’amener ainsi à se confier en moi, et non pas en elle-même ; je veux la réveiller de sa négligence, et par le péril qui la trouble lui faire chercher un refuge en moi, son unique défenseur. C’est moi qui suis son père, un père tendre, qui veut son salut, et, dans cette pensée, travaille à la rendre humble, à la convaincre qu’elle n’est pas, à lui faire reconnaître que l’être et les grâces qui s’ajoutent à l’être, elle a tout reçu de moi qui suis sa vie.

Et comment l’âme apprend-elle à connaître que je suis sa vie, et à découvrir l’action de ma providence, au milieu de ces assauts ? Par la grande délivrance ! Je ne la laisse pas continuellement se débattre dans ces épreuves : elles vont et viennent, suivant que je le juge utile à son progrès. Parfois