Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


elle croit être en enfer, et soudain, sans aucun effort, sans aucun acte de sa part, elle se trouve délivrée, et éprouvant un avant-goût de la vie éternelle. Une grande sérénité est descendue en elle, il lui semble que tout ce qu’elle voit lui parle de Dieu, et tout son cœur s’embrase d’amour, dans la contemplation de ma providence, qui s’est ainsi manifestée à elle. Elle voit qu’elle a été retirée d’une violente tempête, sans qu’elle fût pour rien dans cette délivrance. La lumière lui est venue à l’improviste, sans qu’elle y pensât ; elle comprend, dès lors, que c’est mon inestimable charité qui, seule, est venue à son secours au moment de sa détresse, quand elle n’en pouvait plus.

Pourquoi donc, quand elle s’appliquait elle-même à l’oraison et à ses autres exercices ordinaires, ne lui ai-je pas répondu par un rayon de lumière qui eût dissipé ses ténèbres ? — Parce qu’elle était encore imparfaite, et qu’ainsi elle eût pu s’attribuer à elle-même, dans son exercice, ce qui ne lui appartenait pas. Tu vois comment, les combats qu’il lui faut subir, sont un moyen pour celui qui est encore imparfait d’arriver à la perfection, par l’expérience qu’il fait, dans ces assauts, de ma divine providence. C’est par là même qu’il s’élève au-dessus de l’amour imparfait.

Il est encore une sainte ruse que j’emploie, pour déprendre l’âme de son imperfection. Je lui fais concevoir, pour quelque créature, une affection spirituelle et particulière, en plus de l’amour général qu’elle doit à tous. Par ce moyen elle s’exerce à