Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/218

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par le plus petit incident, par la moindre bagatelle, dont ils seraient les premiers à rire. Et les voilà soudain qui se sentent si vivement affectés au dedans d’eux-mêmes, qu’ils en demeurent stupéfaits. C’est ma providence qui a ménagé cette expérience, pour l’avancement de l’âme : elle la ramène ainsi dans la vallée de l’humilité. Plus prudente désormais, l’âme se dresse contre elle-même avec une rigueur impitoyable, poursuivant de sa haine et accablant de ses reproches cette révolte de ses sens. Ce châtiment a pour effet de plonger la sensibilité en un sommeil plus profond.

A quelques-uns de mes grands serviteurs, ma providence prouve sa vigilance, en leur laissant cet aiguillon que connut le cher apôtre Paul, mon vase d’élection. Bien qu’il eût reçu la doctrine de ma Vérité dans l’abîme du Père éternel, je ne voulus point éteindre en lui les rébellions de la chair. Ne pouvais-je cependant délivrer Paul et mes serviteurs de ces révoltes des sens ? Oui, assurément. Pourquoi donc ma providence ne le fait-elle pas ? Pour leur procurer un sujet de mérite, et pour les maintenir dans la connaissance d’eux-mêmes qui leur inspire la véritable humilité. C’est encore pour les rendre miséricordieux à l’égard du prochain, et compatissants à leurs peines sans aucune dureté. Ils auront en effet bien plus de compassion pour ceux qui sont dans la souffrance et dans la tribulation, s’ils font eux-mêmes l’expérience des mêmes épreuves. Leur amour s’en accroît d’autant, et ils courent vers moi, tout oints de la véritable humilité