Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/237

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celui qui se fie à moi, tant qu’il espère en moi. Je le réduis parfois à une certaine extrémité, pour lui faire voir et toucher que c’est moi qui peux et veux subvenir à ses besoins, pour lui faire aimer davantage ma providence et l’attacher à cette épouse, la vraie pauvreté. Mais alors, la clémence de mon Esprit-Saint, leur serviteur toujours attentif, voyant qu’ils n’ont pas ce qui leur est nécessaire pour les besoins du corps, soufflera la pensée et excitera le désir de les secourir, en quelque personne plus fortunée (lui les assistera dans leur détresse.

Toute la vie de mes chers pauvres est ainsi gouvernée, par la sollicitude que j’inspire a leur endroit aux serviteurs du monde. Il est vrai que pour éprouver leur patience, leur foi, leur persévérance, je permettrai qu’ils reçoivent des reproches, des injures, des affronts ; mais celui-là même qui les insulte, est amené par ma clémence, à leur faire l’aumône et à subvenir à leurs besoins.

C’est là ma providence générale à l’égard de mes chers pauvres ; mais quelquefois, avec mes grands serviteurs, j’interviendrai directement par moi-même, sans recourir aux créatures. Tu en as fait toi-même l’expérience, et tu as entendu conter ce trait de ton glorieux père Dominique. Dans les premiers temps de son ordre, les frères étaient dans la plus grande détresse. L’heure du repas venue, ils n’avaient rien à manger, mais mon bien-aimé serviteur Dominique, éclairé par la lumière de la foi, et plein de confiance dans ma providence dit à ses fils : Mettez-vous à table. Les frères obéirent à sa