Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/238

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parole et se mirent à table. Alors moi, qui ne fais jamais défaut à qui place en moi son espérance, j’envoyai deux anges, avec un pain très blanc, qui suffit largement à leurs besoins, pour plusieurs repas. Ce fut là un acte de ma providence, où l’homme n’eut aucune part et où la clémence de l’Esprit-Saint a tout fait.

En d’autres circonstances, je multiplie une petite quantité qui est insuffisante pour les besoins de mes serviteurs, comme il arriva à cette douce vierge, sainte Agnès, qui, depuis son enfance jusqu’à son dernier jour, me servit avec une si sincère humilité et une si ferme espérance, que jamais elle n’eut la moindre inquiétude, pour elle-même ou pour sa famille. Quand Marie lui donna l’ordre de bâtir un monastère à la place occupée par des femmes de mauvaise vie, elle était pauvre, elle manquait de tout. Mais sa foi était vive, elle ne prit même pas le temps de se demander jamais comment elle pourrait faire. Tout de suite, elle se mit à l’œuvre et, avec l’assistance de ma providence, elle changea ce lieu de honte en lieu saint et bâtit un monastère capable de recevoir des religieuses. Elle y assembla aussitôt dix-huit jeunes vierges, qui n’avaient rien que ce qu’elles pouvaient attendre de ma providence. Une fois, entre autres, je permis qu’elles manquassent de pain ; trois jours entiers, elles ne vécurent qu’avec des herbes.

Tu pourrais me demander : Comment en avez-vous agi ainsi avec elles ? Ne venez-vous pas de me dire que vous ne manquiez jamais à ceux qui espèrent