Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/251

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la mère de cette reine, c’est l’abîme même de la divine charité. Cette cité a pour ornement la piété, la miséricorde, parce qu’on en a expulsé le tyran de la richesse, qui la souillait de ses cruautés. Entre tous les citoyens, c’est une bienveillance qui a sa source dans une fraternelle dilection. On y trouve aussi l’infatigable persévérance, la prudence qui possède et gouverne la cité, avec une sagesse avisée et vigilante. L’âme qui épouse cette douce reine Pauvreté devient maîtresse, par le fait, de tous ces trésors, car ce qui est à l’une est à l’autre.

Malheur à elle, si le désir des richesses périssables allait porter la mort dans cette âme ! Elle perdrait du même coup tous ces biens, et chassée de la cité, elle se trouverait dans la plus grande misère ; mais, si elle demeure loyale et fidèle à cette épouse, c’est pour toujours, c’est pour l’éternité qu’elle a été associée à son trésor.

Pour en apprécier l’excellence, il n’est encore que la lumière de la foi. Cette épouse revêt son époux de la pureté, et le dépouillant des richesses, cause pour lui de tant de souillures, elle l’isole des compagnies mauvaises et lui en procure de bonnes ; elle le guérit de sa coupable négligence, en le délivrant des soucis du monde et de ses biens ; elle écarte de lui l’amertume et ne lui réserve que douceur ; elle taille les épines pour ne laisser que la rose. Elle purge l’âme et l’allège des humeurs corrompues, de l’amour déréglé, puis elle la dispose à faire sa nourriture des vertus qui lui font éprouver une grande suavité. Elle met à son service la