Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/252

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haine et l’amour, en leur confiant les soins de propreté à l’intérieur. La haine du vice et de la sensualité fait le nettoyage de l’âme ; l’amour des vertus remet tout en ordre, en faisant taire les doutes, en supprimant la crainte servile, et en lui rendant la sécurité avec la sainte crainte. Toutes les grâces, toutes les joies et les consolations qu’elle peut désirer, sont désormais le lot de l’âme qui a pris pour épouse la reine Pauvreté. Elle n’a pas peur des brigues, parce qu’il n’est personne pour lui faire la guerre ; elle ne redoute pas la faim ni la disette, car sa foi ne voit de bien que moi, qui suis toute richesse et n’espère qu’en moi, providence attentive, qui pais et nourris ceux qui se fient à moi. A-t-on jamais trouvé un de mes vrais serviteurs, époux de la pauvreté, qui soit mort de faim ? Non en vérité. Mais il s’en est bien rencontré, parmi ces grands riches, qui ont péri de misère, pour avoir placé toute leur espérance dans leurs trésors au lieu d’avoir confiance en moi. A mes pauvres jamais je n’ai manqué, parce qu’ils ne manquaient pas de confiance ; toujours j’ai pourvu à leurs besoins, comme un bon et tendre père. Oh ! avec quelle allégresse, avec quel abandon ils sont venus à moi, dès qu’ils ont connu à la lumière de la foi, que depuis le premier jusqu’au dernier jour du monde, ma providence a veillé, veille et veillera sur eux, en toute chose, au temporel comme au spirituel, comme je t’ai dit. Je leur ménage des souffrances, je ne te l’ai pas caché, pour assurer leur progrès dans la foi et dans l’espérance, et leur procurer