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CHAPITRE XIX

(153)

Comment cette âme, après avoir loué et remercié Dieu, le prie de lui parler sur la vertu d’obéissance.

Alors cette âme, éprise jusqu’à l’ivresse de la vraie et sainte pauvreté, se dilatait dans la souveraine et éternelle Grandeur, et se sentait transformée dans l’abîme de la providence infinie et ineffable. Bien que toujours dans le vaisseau de son corps, il lui semblait qu’elle l’avait quitté, tant elle était embrasée et toute ravie en Dieu par le feu de sa charité. Elle tenait le regard de son intelligence fixé sur la divine Majesté, pendant qu’au Père éternel et souverain elle disait : O Père éternel ! ô feu, ô abîme de charité ! ô éternelle clémence ! ô espérance, ô refuge des pécheurs, ô sagesse inestimable ! ô bien éternel et infini ! ô fou d’amour ! Avez-vous donc besoin de votre créature ? Oui, me semble-t-il, car vous en agissez avec elle comme si vous ne pouviez vivre sans elle, Vous qui êtes la vie qui fait vivre toute chose et sans laquelle rien ne vit ! Pourquoi donc êtes-vous si épris de votre créature ? Pourquoi cet amour éperdu pour votre œuvre ? Toutes vos complaisances sont pour elle, vous ne trouvez de délices qu’avec elle, le désir