Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

attache-la ! Mets-y un cordon à cette clef, le cordon de l’abnégation, du mépris de toi-même et du monde ; par ce lien, fixe-la à ma volonté, à moi ton Créateur ; puis, que cette volonté soit comme une ceinture qui t’enserre toujours. Ainsi tu ne la perdras jamais.

Nombreux sont ceux, sache-le bien, qui ont commencé par se munir de cette clef de l’obéissance, après que la lumière de la foi leur eut fait voir, que sans elle ils ne peuvent échapper à la damnation éternelle. Mais ils la portent à la main, sans ceinture et sans cordon pour l’y attacher. C’est-à-dire qu’ils ne se sont pas revêtus parfaitement de mon bon plaisir ils se complaisent encore en eux-mêmes ; ils ne se sont pas procuré le cordon de l’abnégation ; ils ne se soucient pas d’être comptés pour rien, ils attachent trop de prix aux louanges des hommes. Ceux-là sont tout près d’égarer la clef, pour peu qu’il leur arrive quelque peine ou quelque tribulation un peu plus forte, soit de corps, soit d’esprit. S’ils n’y prennent garde, maintes fois, la main du saint désir se relâchera de son étreinte, et ils la perdront. En vérité, elle est moins perdue qu’égarée ; car il est en leur pouvoir de la retrouver, s’ils le veulent, tant qu’ils vivent. Mais, s’ils ne le veulent, ils ne la retrouveront jamais Qui leur fera connaître qu’ils l’ont égarée ? L’impatience : car patience et obéissance sont inséparables. Qui n’est pas patient a, par là même, la preuve que l’obéissance n’habite pas dans son âme.

Ah ! Combien douce et glorieuse cette vertu qui