Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/281

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mise en défaut par les manquements des subordonnés, quelque soit le religieux qui enfreigne ses ordres. Les méfaits de celui-ci ne nuisent qu’à lui-même, la barque n’en reçoit aucun dommage. Le pilote peut bien, il est vrai, la jeter dans la tempête, comme le font les mauvais pasteurs, préposés au gouvernail par le patron de la barque. Mais cette barque, en elle-même, est plus désirable qu’on ne le saurait dire.

Je dis donc que cette âme, qui a su attiser en elle le feu du saint désir avec la haine d’elle-même, n’a pas plutôt découvert, à la lumière de la foi, ce refuge assuré, qu’elle veut y avoir une place. Et elle y entre morte, si elle est vraiment obéissante, si elle a parfaitement pratiqué l’obéissance commune ; si cependant, elle y entre encore imparfaite, ce n’est pas ce qui l’empêchera de pouvoir parvenir à la perfection. Elle y parviendra sans nul doute, si elle veut s’exercer à la vertu d’obéissance. On peut même dire, que la plus grande partie de ceux qui entrent en religion, n’ont pas parfaitement pratiqué l’obéissance aux commandements. Quelques-uns l’ont fait, oui ; mais combien sont entrés dans la religion, celui-ci avec l’irréflexion de l’enfance, celui-là par crainte, cet autre par quelque chagrin, quelques-uns attirés par des flatteries. Mais l’important est qu’ils s’y exercent dans la vertu, et qu’ils y persévèrent jusqu’à la mort. Ce n’est pas sur les dispositions qu’ils y apporteraient en entrant, que l’on peut juger de leur perfection, mais d’après leur persévérance. Ils ne sont pas rares, ceux qui se