Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/284

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l’ardeur qui embrasait son âme. C’est ainsi que François fraya la route aux autres.

Mais, me diras-tu, toutes les autres religions ne sont-elles pas également fondées sur la pauvreté ? Oui, en vérité, mais elle n’est pas pour chacune, le bien principal ? Il en est d’elle comme des autres vertus. Toutes les vertus procèdent de la charité, et cependant, comme je te l’ai dit ailleurs, chacun a une vertu qui lui est propre ; à celui-ci, telle vertu, à celui-là telle autre, bien que tous possèdent la charité. François, mon cher pauvre, eut en propre la vraie pauvreté, et à cause de l’amour qu’il avait pour elle, il en fit la pièce principale de sa barque, sur laquelle il établit une discipline étroite, faite pour des âmes, non pas communes, mais parfaites, peu nombreuses, mais bonnes. Je dis peu nombreuses, parce qu’il n’en est pas beaucoup, pour embrasser vraiment cette perfection. Mais, à raison même de leur relâchement, leur nombre s’est multiplié, en même temps que diminuait leur vertu. De ce malheur il ne faut pas accuser la barque, il n’est imputable qu’à la désobéissance des sujets ou à la négligence des mauvais pilotes.

Regarde maintenant la barque de ton père Dominique, mon fils bien-aimé, et vois avec quel ordre parfait tout y est disposé. Il a voulu que ses frères n’eussent point d’autre pensée que mon honneur et le salut des âmes, par la lumière de la science. C’est cette lumière dont il a voulu faire l’objet principal de son ordre. Il n’a pas renoncé pour autant, à la vraie pauvreté volontaire ; il l’aima, lui