Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/294

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Aussi le parfait obéissant s’élève-t-il au-dessus de lui-même, et maîtrise-t-il sa propre volonté. Avec une foi vive, il domine ses propres sentiments. Dans la maison de son âme, il sait se faire de la haine de soi-même un serviteur, qui l’aide à en chasser l’ennemi, l’amour-propre. Car il ne veut pas que la reine obéissance, que sa mère la charité lui a donnée comme épouse, par la lumière de la très sainte foi, reçoive chez lui la moindre offense. Voilà pourquoi il fait appel à la haine de soi-même pour jeter dehors l’ennemi de la reine, l’amour-propre, et rendre à cette épouse, la compagne et la nourrice dont elle ne peut être séparée. L’amour qu’il a pour l’obéissance, lui fait ainsi introduire chez lui les vrais amis de l’épouse, et ses féaux serviteurs, les vertus, les coutumes, les observances de l’ordre. Quand cette aimable épouse prend possession de sa maison, elle y est donc escortée de sa sœur la patience, et de sa nourrice l’humilité, qui est suivie à son tour de l’abnégation ou mépris de soi. Dés qu’elle a fait, ainsi escortée, son entrée dans l’âme, l’obéissance y possède la paix et la tranquillité, parce que tous ses ennemis ont été jetés dehors. Elle habite le jardin de la vraie continence ; elle reçoit dans la pupille de la foi, le rayon qui lui vient du Soleil de l’intelligence, et à la lumière duquel elle contemple son unique objet, ma Vérité ! Elle y trouve le feu qui réchauffe aussi l’ardeur de tous les serviteurs qui forment son cortège, car c’est avec un ardent amour, qu’elle observe les règles de l’Ordre.