Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/303

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de cent ? Parce que cent est le nombre parfait, auquel on ne peut rien ajouter, à moins de recommencer à compter par un premier. La charité, elle aussi, est la plus parfaite de toutes les vertus ; l’on ne saurait s’élever à une vertu plus parfaite, et l’on ne peut ajouter à sa perfection qu’en revenant à la connaissance de soi-même pour recommencer une nouvelle centaine de mérites, mais c’est toujours au nombre cent que l’on arrive et que l’on s’arrête. Voilà le centuple que j’ai donné à ceux qui m’ont apporté l’un de leur volonté propre, soit par l’obéissance commune soit par l’obéissance particulière.

C’est avec ce centuple, que vous obtenez la vie éternelle ; car seule la charité entre dans le ciel en souveraine, escortée des mérites de toutes les autres vertus qui, elles, restent dehors. La charité pénètre ainsi jusqu’à moi, la Vie qui ne passe pas, où l’on goûte la vie éternelle, parce que je suis la Vie éternelle elle-même. La Foi n’est pas admise au ciel, parce que les bienheureux possèdent par expérience et dans son essence même tout ce qu’ils ont cru par la foi. L’Espérance non plus n’y a point d’accès ; car ils ont réellement ce qu’ils espéraient. Ainsi en est-il des autres vertus. Seule, la Charité y fait son entrée, comme une reine, et me possède moi, qui suis son propriétaire.

Tu le vois, ces petits enfants reçoivent donc bien cent pour un, et en plus, avec ce centuple, la vie éternelle. Ce centuple c’est le feu de la divine charité. Et parce qu’ils ont reçu de moi ce centuple, ils sont dans une merveilleuse allégresse qui prend